Je viens de me relire, et je me rends compte que je ne suis pas très sûre de la chronologie des événements. Je me souviens par bribes, des chambres d'hôtels, des balades nocturnes... mais j'ai du mal à retracer l'ordre réel de cette histoire. Aussi, il se peut que j'inverse parfois, telle fois avant telle autre, deux jours au lieu de trois, ou le contraire, mais après tout, est-ce bien grave? Cette histoire me semble si lointaine... et pourtant, rmand est toujours là, mais patience... Après Paris, la vie a repris normalement, trop normalement. Semaine, week-end, enchaînement ds jours et des nuits, des textos, des mensonges... je devenais experte dans l'art de la dissimulation, je me cachais de tout le monde pour protéger notre secret, l'enjeu était sérieux. Mon patron connaissait bien Armand, il l'aimait beaucoup... et il admirait sa femme. Parfois, au boulot, nous butions sur une question de théorie aéronautique, alors je prenais ma jolie voix inocente et je disais "on devrait appeler Armand pour lui demander, il saura répondre lui!" Bingo, ça marchait à tous les coups! Mon patron appelait, il mettait le haut-parleur... et je me délectais de la voix de mon amant :-) Armand s'arrangeait toujours pour glisser une petite allusion dans la conversation et nos étions les seuls à nous comprendre! C'était merveilleusement palpitant de transgresser ainsi la morale à coups de petits mots qui pour quelqu'un de neutre ne voulaient rien dire. Oui mais voilà, mon patron n'était pas tout à fait quelqu'un de neutre, je passais quand même 35 heures par semaine avec lui, sans compter les activités, les stages, les salons... Avant d'être sa secrétaire, j'étais une amie, il me connaissait bien... et il se doutait vaguement de quelque chose. Il a commencé par quelques allusions, puis a tenté de précher le faux pour savoir le vrai, mais je le voyais venir avec ses gros sabots, alors je faisais semblant de ne pas comprendre. Comme il ne pouvait rien tirer de moi, il a commencé à demander à droite à gauche, à mes amis entre autres. Ses questions suspicieuses ont créé un joyeux bordel, d'autant que j'étais toujours avec Laurent! Mes amis ont commencé à faire des allusions eux-aussi, à se poser des questions, mais aucun n'osait aboder vraiment le sujet, donc je ne répondais à rien, je continuais à faire la naïve innocente. Derrière le masque innocent, j'étais sincèrement peinée, car j'avais très peur que ces bruits de couloir arrivent aux oreilles de Viviane. Comme je ne pouvais pas en parler à mon patron sans risquer l'explication franche, j'ai fini par demander à mes amis d'arrêter de parler de ça et de me lancer des piques, par égard envers Laurent et Viviane. J'ai "avoué" être très proche d'Armand, mais comme on est proche d'un ami, ou d'un frère. C'était un demi-mensonge, ou une demi-vérité, mais il a permis de calmer le jeu et de retrouver une certaine sérénité au travail. Armand n'en a rien su, je ne lui en ai jamais parlé pour ne pas l'inquiéter, et même aujourd'hui il ne sait pas que de tels bruits ont couru à notre sujet. Je ne pense pas que Viviane ait jamais entendu de ces ragots, il faut dire qu'elle n'était "que" la femme d'Armand, on ne la voyait qu'à ce titre, et les rencontres étaient plutôt rares. Cette période a été difficile, car j'ai été obligée de mentir de plus belle, et ça devenait de plus en plus difficile. Il me fallait un confident, j'avais besoin de dire la vérité à quelqu'un, besoin d'être écoutée sans être jugée. J'ai choisi une grande amie, loin de chez moi et de mon boulot, une amie à qui je pouvais tout dire, le pire comme le meilleur. Je me suis livrée, ça m'a soulagée, et je me suis sentie plus forte. |