| Armand est revenu dans ma ville. Il passait un entretien d'embauche dans une nouvelle compagnie et restait une nuit sur place. L'entretien ne se faisait pas dans un bureau, mais au resto de l'hôtel, nous avions donc convenu que je l'attendrais directement dans la chambre. C'était en semaine, ça tombait bien, je n'avais pas à inventer un mensonge de dernière minute pour Laurent. Cette fois-ci mon patron n'était absolument pas au courant de sa venue, donc pas de petites allusions au bureau, pas de doutes, pas de questions. Après le boulot, je suis rentrée chez moi, ai pris des affaires de rechange, ai grignoté un peu et suis partie pour l'hôtel. Armand avait prévenu la réception de mon arrivée, mais je trouvais cette situation passablement gênante. Je m'imaginais mal arrivant et disant "Bonjour, je suis Melle D., Mr T. a dû vous prévenir de mon arrivée". Pourtant ça n'avait rien de très choquant en soi, une demoiselle qui rejoint un monsieur dans un hôtel, ça arrive tous les jours... mais là c'était moi, c'était différent! Il a pourtant bien fallu le faire... entrer dans l'hôtel, aller à la réception, demander la clé, rouge de honte... J'ai réussi, en fin de compte ce n'était pas si difficile! Arrivée dans la chambre, j'ai envoyé un petit texto à Armand pour le prévenir que j'étais là... et que je l'attendais ;-) Réponse de mon amant :"on en est au plat, j'essaie d'accélérer". Nous étions à quelques mètres l'un de l'autre, mais nous devions attendre la fin de ce repas... et ça n'en finissait pas de durer! Armand m'envoyait des petits textos pour me dire où ils en étaient : plat, dessert, café... puis plus rien... et il est arrivé! J'étais là depuis une heure, à tourner en rond, alors on n'a pas vraiment perdu de temps en blabla! On n'avait qu'une nuit pour nous, il repartait le lendemain et j'allais bosser. Cette nuit-là, on en a largement profité, forcément. Et là, c'est arrivé. Une des nombreuses choses qui me plaisait chez Armand, c'était la délicatesse de ses petits mots. Il me disait souvent "tu es belle", "j'adore ton petit corps", "j'aime ton sourire" et ça me faisait tout drôle d'entendre ça car je n'avais pas l'habitude qu'on me dise des choses toutes jolies toutes douces pendant l'amour. Avec les autres, c'était des paroles moins délicates, plus "trash", beaucoup plus terre-à-terre! Cette nuit-là, au milieu des "tu es belle", il a murmuré un "je t'aime". Ces trois petits mots m'ont stoppée net, je lui ai demandé de les redire, encore, et encore. Je ne m'en lassais pas, je n'osais y croire tellement ça me semblait inavouable. Il m'aimait. Je ne n'étais pas seulement une "petite gamine insupportable" avec qui il passait du bon temps, j'étais aussi son amour, sa petite Sophie. Il m'aimait... et il aimait sa femme, il nous aimait toutes les deux, mais différemment. Peu m'importait, je ne lui avais jamais demandé de choisir, et je n'avais aucune intention de le faire. Il m'aimait, c'était le principal à mes yeux, le reste je m'en fichais pas mal! |